Bonjour ,


 

Je profite de la pause déjeuner pour prendre un peu le temps de raconter....

Aujourd'hui, 25 octobre, cela fait 3 semaines que j'ai débarqué a Mexico.

Rien a voir avec ce que j'ai pu vivre au Brésil: La situation, le travail, les conditions de vie sont totalement différentes. L'environnement et le climat également.

Le Mexique, comme le Brésil est un pays a multiples facettes : paysages, climats, conditions de vie, langues, cultures.


J'ai d'abord passe quelques jours chez Flor, une amie rencontrée a Taizé. Elle est fille unique (chose rare), et vit avec ses parents dans un petit village du nom de Motobatha, commune de Mixquiahuala, état de Hidalgo, a 100-150 km de Mexico DF.

Accueil chaleureux, un paysage de champs de mais, assez plat, cerne par les montagnes a l'horizon . Des nopals (cactus a oreilles) qui courent le long des routes. Plutôt vert, même si l'on passe très rapidement a des paysages plus secs et arides, ou a des zones beaucoup plus fraîches. Température plus qu'agréable, et une famille adorable. Le père commercialise de la pelouse ou de l'engrais, je ne sais pas très bien (problème de compréhension). Il élève quelques boeufs pour la viande. La maman travaille a la maison, et aide le père a la comptabilité ou pour l'organisation des livraisons. Les enfants du voisinage sont toujours a la maison, pour regarder la télévision, donner un coup de main.

Flor est institutrice dans une maternelle. Elle travaille de 8h a 13h, pour un salaire plutôt bon de 4000 pesos par mois ( 1FF = 1.2 $ mexicain).

Je n'ai pas vu grand chose de la ville de Mexico pendant ces quatre jours, mais j'ai pu vivre au sein d'une famille mexicaine, et découvrir : la cuisine mexicaine, le barbecue traditionnel, les tele-novelas. Discuter : des traditions (fête des 15 ans des jeunes filles, la plus grosse fête de leur vie pour celles dont les parents peuvent la payer), le problème du travail et de l'immigration vers les Etats-Unis ( dans le village, sur 1000 habitants, il y a à peine 150 hommes, beaucoup travaillent illégalement aux USA, et reviennent de temps a autre: Pour un mexicain peu fortuné, il est plus facile d'entrer illégalement aux USA que légalement, bien que cela reste dangereux, cf. les morts réguliers a la frontière).

Bon atterrissage donc. Un petit tour ultra-rapide dans Mexico, pour dire bonjour a la cathédrale, et rencontrer les gens de l'IMDOSOC (Instituto Mexicano de Doctrina Social Cristana) qui sont a l'initiative du projet dans lequel je vais travailler, et me voici en route pour le Chiapas. Ah si, j'ai eu le temps de dire un petit bonjour a Iliana, autre rencontre taizéene de l'année passée.
 

  San Cristóbal de las Casas (Chiapas)

Claudia m'avait dit, prend le bus, prend le bus, la traversée jusqu'a San Cristóbal de las Casas (Chiapas) est magnifique (hermosa, hermosa). Bus a 15h, la nuit qui tombe a 18h, pour ne se lever que vers 7h le lendemain. Arrivée a 9h a San Cristóbal. Bon, je n'ai pas vu grand chose, mais les deux dernières heures a travers les montagnes sont a couper le souffle, et ça valait la peine.




Après quelques sueurs froides en attendant mes bagages (y sont-ils, n'y sont-ils pas ¿), j attrape un taxi qui me dépose devant les bâtiments bleus de la Fondation Léon XIII, du nom du même pape.

Il y a de l'animation. J'aperçois avec plaisir le crane nu de Rodrigo. Le temps de poser mon sac, et je suis au travail. Aujourd'hui est un jour spécial. Première rencontre des femmes artisanes. 70 femmes de différentes communautés voisines sont venues pour se rencontrer, parler, prendre un peu de temps pour elles. Longues jupes de laines noires, blouses, et châles colores, enfants dans le dos, longues tresses noires. On parle espagnol, tzotzil, et tzeltal. Rodrigo me présente rapidement a Ricardo, responsable du centre, et c'est parti.






Avec Pello, pays basque espagnol, je m'occupe des enfants. Difficultés de langue (beaucoup ne parlent pas espagnol), mais bon les enfants sont tous les mêmes, quand il s'agit de faire un jeu ou de dessiner.

La journée se passe entre la rencontre et les enfants.

Questions posées au femmes : qu'est ce que je fais bien ¿ Combien de temps je me consacre a moi même dans la journée ou la semaine ¿ Seconde question très difficile, beaucoup ne la comprennent pas. On vit plutôt en groupe dans les communautés, petits noyaux familiaux, et pour les femmes, il y a beaucoup a faire : s'occuper des enfants, de la maison, du linge, quelques travaux dans les champs (bêchage, l'homme sème), et puis artisanat (couture et broderie) pour faire entrer un peu d argent a la maison. Les hommes se chargent des travaux des champs, : un peu de mais et des haricots, pas grand chose d'autre.

La journée s'achève bien, elle a été épuisante pour tous, c'était un peu un challenge. Dernier coup de balai, et nous rentrons avec Rodrigo. Je serai hébergée chez lui, dans sa petite maison du centre ville, un garage réaménagé, repeint de couleurs gaies, petit home chaleureux.






Petit tour nocturne dans San Cristobal, ancienne ville coloniale aux maisons colorées.

La fondation : il s'agit d'une "oeuvre de bienfaisance sociale", qui travaille a plusieurs endroits dans le pays. Le programme principal se situe a San Cristobal, Chiapas.

Une trentaine de personnes travaillent au centre de la fondation, mexicains, de San Cristobal, des communautés indiennes alentours, ou d'autres etats.

Différents programmes : santé, agronomie, commercialisation, textile, et épargne.








 

Santé :

Dirige par Alejandro, le programme santé comporte plusieurs volets. Un médecin (Miguel) et une dentiste Mirna disposent de cabinet de consultation dans le centre. Ils accueillent les personnes des communautés, ou du quartier, pour des consultations a un prix nettement plus abordable que la santé publique. Chacun paye selon ses moyens et selon la forme qui lui convient. Une petite pharmacie alimentée principalement par des donations permet de délivrer des médicaments gratuitement ou moyennant une participation suivant les moyens des patients.

S' ajoutent a l'équipe, infirmières et auxiliaires de santé, une psychologue, Claudia, qui consulte elle aussi, Juan, en charge d'un cabinet de consultation de médecine traditionnelle. Juan soigne principalement par les plantes, un moyen de conserver un peu de la culture maya. Il fabrique des thés et pommades médicinaux qui sont commercialisés.

Plusieurs fois dans la semaine sont organisés des sorties dans les communautés, afin de proposer des soins sur place a ceux qui en ont besoin.
 

 

Agronomie :



La partie agronomie a pour objectif le développement de cultures autres que le mais et les haricots afin de diversifier l'alimentation et d'apporter un équilibre nutritionnel. C'est aussi l'occasion de donner un travail aux hommes et d'éviter l'immigration vers d'autres états.


48 serres ont été implantes dans 16 communautés. Elles permettent la culture de légumes dans ces contrées parfois un peu froides. Une partie de la production peut être consommée par les familles en charge de la serre, l'autre vendue sur les marches. L'argent récolté par les familles est divise en trois parties : l'une pour les besoins propres des familles (70%), une autre pour participer aux frais d'installation des serres (15%, jusqu'au avoir rembourse 49% du montant des serres), une dernière pour constituer un fond d'épargne (15%), l'objectif étant qu'ils parviennent dans un futur proche a fonctionner indépendamment, et qu'ils puissent s'appuyer sur ce fond d'épargne pour financer des projets.


A la fondation s'expérimente des cultures sous petites serres, l'élevage de poule et poulets, la culture de champignons (pleurotes), la culture de différentes espèces de mais afin de voir laquelle est la mieux adaptée au climat...





Des maisons de cultures de champignon commencent a être installées dans certaines communautés, après formation des personnes a la fondation. Le champignon est riche en élément nutritif, il se vend bien, et des conserves peuvent être réalisées avec.

Également en test dans une communauté, un lac avec des poissons pour les protéines.



Epargne :

Je ne connais pas bien le programme, mais il s'agit de les aider a s'organiser, et a pouvoir économiser même avec de tous petits revenus, ce qui n'est pas possible dans les banques.

De petites caisses d'épargne communautaires sont implantes dans divers villages.
 

 

Textile :
Un programme de cours de couture, confection, broderie, teinture a été mis en place depuis maintenant trois ans.


Par session de 6 mois viennent des femmes des communautés pour se perfectionner dans un domaine.


Des ateliers familiaux sont ensuite organises dans les villages afin de continuer le travail. La fondation les aide a s'organiser en petit groupe, a trouver un lieu dans leur village pour travailler etc... Ceci leur permet d'avoir une source de revenu. Elles vendent leur production a San Cristobal, ou a la Fondation qui la commercialise ensuite.

Une marque de vêtements propre a la fondation a été créée. Les vêtements sont dessines puis commandes auprès des différents ateliers familiaux. Vêtements plus a la mode mais confectionnes artisanalement en utilisant la broderie et des techniques traditionnelles.

Les vêtements Xanval et l'artisanat sont commercialises par le programme commercialisation.
 




 

 

Commercialisation :

La partie commercialisation est toute neuve. Elle s'est beaucoup développée avec l'arrivée de Rodrigo qui en est responsable depuis une petite année. Il s'agit ici de ce qu'on appelle « commerce juste », a but non lucratif pour la fondation. Objectif, acheter a un prix juste le travail des artisanes et agriculteurs, estime suivant le nombre d'heures de travail, le prix de la matière première, et le vendre afin que ce travail leur assure un revenu.



A terme, le souhait serait d'arriver a former artisanes et agriculteurs pour qu'ils s'organisent et gèrent eux-mêmes cette partie commercialisation(création de coopératives). D'où un travail également important de formation auprès des communautés.

Nous commercialisons la production des différents programmes, légumes, vêtements, artisanat, produits de santé, par l intermédiaire de boutiques a San Cristobal et Mexico, ou directement, a la demande, pour des particuliers, parfois des musées.

Autre circuit de commercialisation via une boutique de commerce juste en pays basque espagnol, créée par Caritas, soutien important du projet depuis le début. A cela s ajoute le marche chaque jour, quelques foires d'artisanat au Mexique ou a Tenerife, une petite boutique a la fondation.


 



Aujourd'hui, les projets sont l'ouverture d'une boutique de la fondation dans le centre ville de San Cristobal, l'organisation plus structurée de la partie commercialisation, de la production a la distribution. Beaucoup de travail car on découvre tout.


Mon travail comporte deux facettes : une partie organisation administrative (j'essaie de développer une base de données access qui permette la gestion des achats, des ventes, des commandes, le stock, et la comptabilité), une partie défi : je suis chargée avec Peyo de l'ouverture de la boutique, Un parcours du combattant quand on ne connaît rien aux lois, au fonctionnement administratif du pays et de la ville, et que l'on se heurte aux dysfonctionnements (téléphone, Internet), et a la lenteur ambiante.

Mais tout va bien, c'est une question d'adaptation et de patience.








8/11/2000


Je reprend après 15 jours bien occupes.

Visite extraordinaire a Palenque et dans les environs. Nous avons campé dans la « selva ». Un pont suspendu au dessus d'un fleuve, en bois et ferraille rouille, comme dans Indiana Jones. Baignade dans le fleuve. Voyage a l'arrière d'une camionnette améliorée d'un vieux matelas, cheveux dans le vent. Un peu de chaleur...


Baignade dans les cascades de Agua Azul et Misol-Ha. Incroyable également. Et puis Palenque, la foret, les arbres immenses, les cris des singes, les pyramides, les feuilles démesurées.


Bon petit week-end. La semaine dernière a été marquée par les fêtes de la Toussaint, très importantes.


Dans les communautés la semaine entière était occupée par la préparation. Une fête gaie, colorée, incroyable.





Les fêtes de la Toussaint

Le 31 au soir commencent les choses sérieuses : dans les familles, on prépare des autels sur lesquels on dispose tout ce qu'aimait le mort : boisson, nourriture, fleurs... Pareillement dans les cimetières. On raconte que la nuit, les âmes des morts sortent et viennent manger et boire ce qui a été dispose.


Coca cola fait un chiffre d'affaire monstrueux. Les mexicains sont les plus grands consommateurs de coca au monde je crois. Dans le plus petit village, sur le mur de l'unique maison, il y a une publicité coca cola.


A San Juan Chamula, dans l'église qui a été prise par les indiens et reconverti en lieu de culte non catholique, le coca cola coule a flot (avec l'eau de vie locale). Comme il fait roter, il permet d'expulser des choses mauvaises.

Revenons a notre jour des morts. Les autels fleurissent donc. Se mêle a la décoration un fort vent d'Halloween : les enfants déguisés parcourent pendant toute la semaine les rues et frappent aux portes pour obtenir des friandises.

Du 31oct au 1er a midi, on se rappelle les « angelitos », les enfants morts. A partir du 1er a midi,

c'est le tour des adultes. On se réunit avec toutes la famille pour des prières... On prie toute la nuit du premier, et on vide les autels (si il reste quelque chose le lendemain, c'est que le mort n'était pas content). D'ou une fête endiablée la nuit du premier. Et le sol jonche d'ordure dans les cimetières et autre. Le 2, encore une journée importante. Toute la famille se réunit, a préparé son pique-nique, ses thermos, ses provisions. On se rend tous ensemble au cimetière pour passer une nouvelle journée. Les tombes sont éclairées de fleurs et bougies multicolores. On installe une bâche pour se protéger du soleil, la table et les chaises pliantes, et on prie, on mange, on rit, avec ses morts. Il y a aussi des groupes de mariachis venus a la demande des familles chanter les chansons préférées du mort.



La visite du cimetière de San Cristobal ce jour-la a été incroyable. Impression d'arriver a une fête foraine : il y a des stands de nourriture, de boisson, de fleurs, de la musique, et pizza Domino qui vend a l'entrée du cimetière. Un monde fou, beaucoup de bruit, de rires, et encore de musique. Deux journées (et les nuits) complètes pour célébrer avec ceux qui sont partis. Se rappeler.

Le 2 nous étions invite dans la famille de Agustin qui travaille avec nous. Un petit village perdu dans la montagne. Minuscule cimetière familial très gai ou nous nous sommes recueillis quelques instants, en pleine nature, tout fleuri. Avec toute sa famille, nous avons partage un repas.
 

 

maison de la vierge


Autre visite étonnante, celle a la communauté de Nachig pour le changement de maison de la vierge. La vierge est très importante ici.


A Nachig, communauté indienne voisine, chaque mois, la statue de la vierge, habillée du costume traditionnel de la commune (Zinacantan), est déplacée en procession pour habiter dans une autre maison de la communauté.


On invite des musiciens, les femmes préparent un repas de fête pour tous les voisins, on fait une prière. La maison qui reçoit la vierge invite.


Elle a préparé un autel pour déposer la statue. Fleurs et encens. Le sol est recouvert d'aiguilles de cyprès, signe que l'on attend une visite importante.






Voila pour quelques images. J'essaierai de scanner et envoyer quelques photos dans les jours qui viennent.
 

 

A bientôt.
 

 

Anne Cécile